Relation Homme-Cheval : le cadre à pied

Un contrat social appris au contact des hommes 

Dans un groupe de chevaux socialisés, chaque cheval connaît les règles à respecter. Il sait quel cheval il peut faire bouger, contre quel autre il peut se frotter et celui dont il vaut mieux ne pas s’approcher à l’heure des repas. Ces règles ne sont pas innées mais acquises dans les premières années de socialisation du jeune cheval. En effet, durant son éducation au sein du troupeau, le jeune apprend en imitant les adultes ou en enfreignant des règles qu’il ne connaît pas encore et dont il subit les conséquences. Quand le cheval rencontre des hommes pour la première fois, il ne sait pas quelles sont les règles à respecter. C’est donc au cavalier de les lui enseigner. Dans le cas d’un cheval confiant, le cavalier ressentira immédiatement le besoin de mettre en place des règles pour assurer sa sécurité. Avec un cheval craintif, qui évite l’homme car il en a peur, le cavalier devra se rappeler qu’il est également nécessaire de lui apprendre les règles à respecter.

Un contrat passé entre chaque cavalier et le cheval qu’il manipule 

Le cadre est constitué d’un ensemble de règles que le cavalier a fixé et qu’il fait respecter au quotidien. Un cheval qui a appris avec un certain cavalier à se conformer au cadre ne restera pas nécessairement dans le cadre avec toutes les personnes qui s’occuperont de lui. Lorsqu’il sera manipulé par un autre cavalier, le cheval cherchera souvent à savoir si les règles et les limites sont les mêmes que celles qu’il a apprises. On dira alors qu’il teste son cavalier. Chaque cavalier doit être capable de remettre à sa place le cheval qui franchit les limites. Il y a davantage de cavaliers qui ne font pas respecter le cadre, que de chevaux irrespectueux.

 « Le plus important en matière d’éducation, c’est de réussir à inculquer la notion de respect, et ça se fait en posant des lignes très claires. Le problème est que, souvent, les cavaliers n’ont pas de lignes suffisamment claires dans le travail qu’ils veulent demander au cheval, et du coup, le cheval n’a pas de repères suffisamment clairs et précis. (…) Je pense qu’il y a beaucoup de gens qui souhaitent être gentils, mais en réalité ils ne donnent pas du tout de repères à leurs chevaux qui, du coup, sont relativement perdus (…) Et lorsqu’ils viennent en stage, on se retrouve à devoir fixer à nouveau des limites. Mais comme les chevaux sont hors limites depuis très longtemps, c’est bien plus compliqué. Alors que quand on pose les limites clairement au fur et à mesure, c’est beaucoup plus simple. »
Alizée Froment – Cavalière internationale de dressage et artiste équestre

Des limites rassurantes 

Les cavaliers expérimentés ont tous constaté que le fait de poser un cadre rend les chevaux plus contrôlables lorsqu’ils ont peur. Nous ne pouvons pas entrer dans la tête des chevaux, mais avancer plusieurs hypothèses :

  • les chevaux savent qu’ils ne peuvent pas sortir du cadre et ont appris à se retenir de fuir lorsqu’ils ont peur;
  • les chevaux ont appris qu’ils étaient en sécurité à l’intérieur du cadre fixé par leur cavalier et sont donc moins inquiets lorsqu’ils obéissent à leur cavalier ;
  • une grande partie de l’attention du cheval se porte sur son cavalier, il devient ainsi moins attentif à son environnement.

L’expérience montre que lorsque le cavalier a su poser un cadre, son cheval le suit plus facilement et a moins tendance à surréagir dans une situation effrayante. Le cadre apparaît rassurant pour le cheval et sécurisant pour le couple cavalier-cheval.

Extrait du livre La Méthode la Cense, issu du principe d’éducation du cheval n°2 : “Poser et faire respecter le cadre”.

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