Après un débourrage complet vient le temps de la spécialisation. Chaque cavalier oriente le travail du cheval vers des exercices plus spécifiques, qui permettent à l’animal « d’apprendre son métier ». Cette étape est importante car il n’est pas inné pour le cheval d’enchaîner un parcours d’obstacles ou de cross, de dérouler une reprise de dressage, ni même de traverser des villages et des forêts. Plus vous avez diversifié les situations d’apprentissage en fin de débourrage, plus cette spécialisation sera facile. Si le débourrage demande du temps, l’apprentissage d’un geste technique en nécessite tout autant. Le cheval a besoin d’apprendre à devenir cheval de dressage, d’obstacle, d’extérieur… Prenez le temps de lui faire découvrir les techniques mais aussi l’environnement qui le concerne. Savoir comment se comporter au milieu d’un paddock de détente ou d’une carrière de dressage requiert un apprentissage, au même titre qu’apprendre à porter un cavalier. Lors de sa première sortie en concours, ne soyez pas étonné que votre cheval ne se déplace pas comme vous l’espériez si vous ne l’avez jamais mis en situation auparavant. Vous avez consacré un mois au débourrage, consacrez-en un autre à lui faire découvrir son futur environnement de travail. Cela vous fera gagner du temps et de la confiance pour la suite. En respectant tout au long de son éducation les mêmes principes que lors du débourrage, vous créerez une relation de confiance qui fera de votre cheval un partenaire infaillible.
Voici les trois principes à respecter lorsque vous préparez votre cheval à un objectif précis :
Essayez de « penser cheval ». Demandez-vous comment il va percevoir l’exercice et si vos aides sont suffisamment claires pour être comprises. Essayez d’anticiper ses réactions face à un exercice inédit ou un nouvel environnement. Questionnez-vous sur le cadre de travail et sur vos codes, sont-ils clairs pour lui ? Grâce à cet exercice mental, vous prendrez l’habitude de penser cheval. Voir les choses du point de vue de l’animal, c’est essayer de comprendre son monde pour communiquer avec lui le plus clairement possible. Par exemple, penser cheval, c’est accepter que votre animal ne fasse pas « exprès » d’avoir peur de ce coin mais comprendre qu’il soit réellement effrayé et trouver une solution pour que cette peur diminue au profit de la concentration et du travail.
Il existe une grande différence entre un éducateur et un utilisateur. Un Homme de cheval qui souhaite travailler de jeunes chevaux doit se comporter en éducateur. Son objectif doit être d’enseigner sa technique à l’animal, de lui transmettre un savoir-faire et des compétences et pas simplement d’utiliser ses capacités. L’éducateur doit enseigner au cheval à apprendre, le former pour qu’il soit un athlète accompli aussi bien physiquement que mentalement. L’utilisateur parle au physique du cheval, l’éducateur doit aussi s’adresser à son mental. Pour que le cheval puisse utiliser ses capacités sans se dégrader, il doit comprendre ce qu’il fait. C’est là tout le rôle de l’éducateur : avoir un langage assez clair pour faire comprendre au cheval quel est son objectif et que celui-ci le réalise de lui-même.
Lorsque l’on travaille un jeune cheval, il est important de se fixer différents buts. Il y a tout d’abord ceux qui relèvent du long terme (apprentissage des changements de pied, hauteur d’un parcours…). Qu’ils soient sanctionnés ou non par une compétition (championnat en fin de saison par exemple), ils permettent de construire une progression au fil des mois, au travers d’objectifs à plus court terme. Ces « sous »-objectifs permettent de structurer vos séances. Si ces objectifs de travail ne sont pas clairs pour vous, il vous sera difficile de les transmettre au cheval. Vous devez impérativement déterminer ce que vous souhaitez travailler à chaque séance. Une planification hebdomadaire facilite la répartition entre séances techniques et récréatives. En structurant votre travail en objectifs et sous-objectifs, vous pouvez décomposer les exercices et les rendre plus abordables pour le cheval. Plus les séances sont simples et positives, plus l’apprentissage est facilité. Bien que le cadre permette un meilleur apprentissage, le bon éducateur saura rester flexible face au programme qu’il prévoit. En effet, surtout chez les jeunes chevaux, leur disponibilité est fluctuante et, certains jours, alors que vous aviez prévu un exercice précis, il sera plus fructueux d’aller en promenade !
Ces trois principes vous permettront d’éduquer le cheval en construisant une relation de confiance, dans le respect de son mental. La qualité du débourrage et de l’éducation est un gage de réussite pour l’avenir du cheval.
Extrait du livre Le jeune cheval.